Ruminations, Société

ADIEU chères catacombes, revenez-moi vite!

 

Mes douces catacombes, mon cœur saigne. Lorsque j’ai essayé de vous rendre visite il y a quelques semaines, j’ai trouvé porte close. Comment pouvez-vous, VOUS, les ambassadrices parisiennes du glauque à travers le monde, me laisser, MOI et mon reflex acheté à crédit, sur le trottoir?

Pourtant, aucun nuage ne semblait se profiler sur notre liaison, qui durait depuis plusieurs années. En véritable amoureuse des temps modernes, j’ai bombardé à maintes reprises, les réseaux sociaux de photographies de nous deux, exposant notre amour à mes 200 amis Facebook à la face du monde .

Au début, j’ai pensé que vous vous étiez lassées de nos selfies au rabais, car ils ne rendaient pas hommage à votre empire de la mort qui me ravissait tant. J’ai cherché mille et une causes à ce silence assourdissant. Et puis, j’ai eu de vos nouvelles par un ami interposé, et j’ai appris que cette rupture ne venait pas de moi, mais de VOUS. J’ai aussi compris ô joie, que cet éloignement ne serait que temporaire. En effet, vous êtes en GREVE.

Désolé, y’a pas beaucoup de photos de grève sur Pixabay.

 

Par dépit, j’ai essayé de vous tromper en allant au Musée des Égouts, mais les relents pestilentiels qui se dégageaient de ses souterrains ne remplaceront jamais vos allées de crânes et de fémurs qui me comblaient de bonheur. Je vous prie de bien vouloir me pardonner ce moment d’égarement, car maintenant que le chagrin a fait place à la lucidité, je ne vous tiens pas rigueur de votre absence et j’attends sagement votre retour. A présent, je comprends ce qui vous soustrait à mon regard obscène et vaguement psychotique : la conviction que vous pouvez changer le monde. Alors, même si cela vous éloigne de moi, je vous laisse voguer de vos propres ailes sur la longue route de la lutte sociale, pour que vous puissiez revenir à moi encore plus fortes.

Je pense même que cet engagement soudain va ressouder notre couple. Je sais que vous ignoriez cet aspect caché de ma personnalité, chères catacombes, mais moi aussi je fais grève régulièrement, et ce depuis ma plus tendre adolescence. C’est là que je me rends compte que notre relation était basée sur le physique et que nous n’avons jamais pris le temps de bien nous connaître. Alors, oui, je vous avoue que mes revendications lycéennes et estudiantines étaient bancales. Elles étaient plus liées à une envie de sécher les cours et de faire la guignol une bière à la main dans les rues, qu’à un désir profond de combattre les injustices. Par contre, cela fut un bon début pour me faire prendre conscience, qu’il existait tout un univers en dehors de Dawson et de mes cd de Nirvana gravés illégalement. Univers dont les décisions prises par quelques bouffons, avaient des répercussions sévères sur ma vie ( du genre supporter un boulot minable, avec une paye tout aussi minable, au lieu de vivre une vie de débauche, à secouer mon boule sur les plages de Californie).

Ca vend du rêve, n’est ce pas?

Mais revenons à nous, mes belles catacombes. Comme je suis maso, cet éloignement soudain et inattendu renforce l’amour que j’ai pour vous. En plus de vos innombrables qualités, telle Madonna dans les années 1980 et 1990, vous êtes de véritables influenceuses. Vous faites parties de celles qui ont compris que les 50 ans de Mai 68 ne se fêtaient pas en achetant des bouquins commémoratifs à la Fnac. Vous avez compris qu’il fallait un soulèvement populaire qui durerait assez longtemps pour faire plier le gouvernement. Vous avez compris que pour cela, il faudrait faire de lourds sacrifices ( comme votre salaire).

Je vous avoue que lorsque je me suis aperçue de cela, je suis passée d’une fascination superficielle à une véritable admiration. Je loue votre courage. A côté de vous, mes trois petites journées de grèves annuelles font pâle figure. J’aimerais avoir votre détermination et prendre enfin mon destin en main. Je voudrais que les travailleurs, retraités, lycéens, étudiants, chômeurs fassent comme vous et s’unissent enfin pour bloquer le pays jusqu’à ce que le gouvernement cède. Je vous kiffe mes catacombes et attends patiemment votre retour.

Comme dirait Amel Bent : Et toujours le point levé…

Je vous embrasse.

PS : si vous voulez aider mes meufs, les catacombes, c’est par ici.

 

 

 

 

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