Il y a environ un an ( sorry, j’ai perdu toute notion du temps depuis le confinement), j’ai passé une après-midi dans le « village fantôme » de Goussainville, situé en région parisienne. Dans les lignes qui vont suivre, je vais vous partager mon expérience et je préfère vous prévenir d’entrée de jeu : c’est pas la meilleure idée que j’ai eue de ma vie. Vraiment.
Comment je me suis retrouvée dans cette galère?
Pourquoi ? Comment se fait-il que je me sois retrouvée à faire de l’urbex ( exploration urbaine pour les intimes) à Goussainville ? Il faut savoir que la dernière fois que j’ai exploré un lieu abandonné, j’étais une ado sans repères ( c’est loin, très loin). Accompagnée de deux ou trois paumés ( comme moi), nous avons crapoté dans une vieille baraque pourrie en plein milieu des bois. L’aventure, la vraie…
En vieillissant, mon amour pour les lieux déserts ne m’a pas quittée. En effet, urbex rime avec clandestinité, secret, danger et attire donc tous ceux souhaitant sortir des sentiers battus. Depuis, quelques années, il est possible de vivre cette passion par procuration, car les chaînes You Tube et les photographes spécialisés dans ce domaine sont légion. Ainsi, ils rendent accessibles au commun des mortels, des lieux aux adresses souvent confidentielles.
Bref, tout ça pour dire que lorsque des amis m’ont proposé d’aller faire un tour dans le village abandonné de Goussainville, j’ai tout de suite accepté.
Il est extrêmement facile de s’y rendre. Goussainville est desservi par le RER et il n’ y a qu’une dizaine de minutes de marche à faire ensuite . Histoire de vous mettre dans l’ambiance, en sortant du RER, on a atterri en pleine zone industrielle et on a vadrouillé sur le bord de la route, au milieu de déchets de Fast Food ( et cela doit toujours être le cas, #lemondedapres bonjour). Je ne sais pas pour vous, mais moi, c’est le genre de truc qui casse mon délire ( Mac Do et mystère ne font pas bon ménage).Et vous allez voir, ce n’est que le début d’une lente désillusion…
Une séance d’urbex en carton.
En sortant du RER, j’étais motivée comme jamais et ce n’est pas quelques détritus de notre société capitaliste qui allaient me niquer ma sortie.Pourtant, lorsque nous sommes arrivés dans le village, j’ai tout de suite vu qu’un truc clochait : dans un des premiers bâtiments, j’ai aperçu des vêtements d’enfants suspendus à travers la porte vitrée d’un… centre de loisirs ( et pas des vêtements vieux de 30 ans ). Impossible qu’un centre de loisirs puisse exister dans un village fantôme, puisque par définition on n’est pas sensé y croiser âme qui vive . Bizarrement, je me suis sentie mal à l’aise et ce sentiment va se renforcer tout le long de la journée.
Juste après, il y avait plusieurs maisons en ruine envahies par les tags. En effet, les bâtisses abandonnées sont réunies majoritairement à l’entrée du village. C’est également à ce moment que je me suis rendue compte qu’on était loin d’être seuls au monde : des dizaines d’autres groupes de personnes entraient et sortaient des maisons, prenaient des photos… Bref, c’était la guinguette.
Il y a plusieurs raisons pouvant expliquer cette situation. Effectivement, Goussainville est extrêmement célèbre sur le Net et est très facile d’accès. De surcroît, l’urbex est devenu un véritable phénomène de mode ces derniers temps ( dire que je pensais être originale alors qu’en fait pas du tout).
Nous avons tout de même visité rapidement les lieux, en essayant d’être le plus prudent et respectueux possible, à savoir :
– ne pas marcher, ni monter n’importe où, au risque de se retrouver à l’hosto,
– ne rien voler,
– ne rien détériorer plus que cela ne l’est déjà,
– ne rien déplacer.
Évidement, je ne suis pas à une contradiction près et j’ai conscience que c’est un peu du foutage de gueule de parler de respect, alors que je me trouvais dans une propriété certes abandonnée, mais surtout privée, sans y être invitée. Mais c’est un autre débat… En parlant « éthique », je vous conseille de lire cet article, si vous souhaitez vous lancer dans l’urbex. Je trouve qu’il résume parfaitement ce que tout un chacun doit savoir, avant de se lancer dans ce type d’expérience .
Nous apprendrons plus tard qu’au grand dam de certains habitants de Goussainville, ces endroits délabrés servent de squats ou encore de lieux de tournage pour des projets « artistiques » voire même pornographiques… De nombreux détritus récents viennent se mêler aux objets laissés par les anciens occupants, témoignant d’une occupation périodique et clandestine des lieux. Histoire que vous vous fassiez une idée, je vous balance quelques images.
Non Goussainville n’est pas un village fantôme.
Pour résumer la situation, la première rue à l’entrée du village est quasiment abandonnée. Mais au bout d’une centaine de mètres, il y a une salle des fêtes, un parking, une église ( qui a son importance, vous comprendrez pourquoi par la suite), un parc, une librairie ( elle était fermée, dommage) et aussi des baraques où vivent des gens comme vous et moi…
La foule n’était pas digne d’un 14 Juillet, mais il y avait plusieurs Goussainvillois dehors, en train de se promener, de profiter du beau temps, bref de vivre quoi. C’est à ce moment que je me suis sentie vraiment couillonne : c’est un village, pas un zoo…
La majorité des gens ne nous ont pas calculés , mais on a croisé quelques regards du genre « putain regarde moi ces boulets ». Évidemment, je n’ai pas le pouvoir de lire dans les pensées, mais c’est ce que j’ai ressenti et je pense qu’il y a une part de vérité dans ce que je viens de vous dire. Contrairement à ce que l’on peut voir dans beaucoup d’articles sur Internet, Goussainville n’est pas un village fantôme. Il y a des gens qui y vivent et je ne suis pas sûre qu’ils soient ravis de se faire envahir par un tas de glandus en mal de sensations fortes. D’où l’intérêt de bien se renseigner sur les lieux que l’on souhaite visiter ( ne faites pas la même connerie que moi).
Puisqu’on avait fait le déplacement, on a marché dans le parc municipal rempli de promeneurs et on a pu admirer cet ancien château complètement défoncé.
Le retour la queue entre les jambes.
Nous avons ensuite fait demi tour pour rentrer et c’est là que nous avons eu un peu « d’action » : un mec qui rentrait dans le village en bagnole en est sorti précipitamment, pour demander aux « explorateurs urbains » de sortir des maisons. Les gens ne s’y attendaient pas et sont partis sans demander leur reste, car je pense qu’ils avaient peur de voir les flics débarquer.
L’air de rien, on a commencé à discuter avec cet homme et il nous a expliqué pourquoi certaines maisons étaient dans cet état.
Tout commence au début des années 1970, lorsque l’aéroport de Roissy est construit à quelques kilomètres, provoquant des nuisances sonores. Suite à cela, le village s’est petit à petit vidé de ses habitants, d’autant plus que la législation imposa à Aéroport de Paris de racheter les maisons dans « la première zone de bruit » en vue de les démolir. Sauf que tout le monde avait zappé un truc : l’église en plein milieu de Goussainville est classée monument historique. Par conséquent, on ne peut rien détruire dans les 500 mètres alentour. Voilà comment un tas de baraques a pourri sur place pendant des décennies…
Cette série événements a provoqué un déclin de l’activité, mais le village n’est pas mort pour autant. C’est indéniable, les habitants sont moins nombreux qu’auparavant. Néanmoins ils sont toujours présents et selon les dires de l’homme avec qui nous avons discuté, la réputation de village fantôme qui leur colle aux basques ne les fait pas tous sauter au plafond : cela attire des visiteurs souvent à l’origine de dégradations et de nuisances en tout genre… En plus, certains Goussainvillois redoutent un accident, car les gens se mettent en danger, en vagabondant dans des maisons menaçant à tout moment de s’effondrer… Mais peut être que d’autres habitants vivent la situation différemment ou alors s’en foutent carrément, qui sait ?
Finalement, après avoir écouté ce petit discours sans trop la ramener, nous avons repris sagement la chemin du RER pour rentrer dans Paris. Bilan des courses : cette visite aura été particulièrement « malaisante », comme le disent les jeunes. Heureusement qu’il faisait beau et que j’étais avec des amis ( alors que l’urbex doit plutôt se pratiquer avec le minimum de personnes mais passons), sinon je pense que j’aurais vite fait demi tour, tellement la situation était gênante. Comme je l’ai déjà dit plus haut, j’assume mal le côté « zoo » du truc, mais ceci est mon point de vue. D’où l’importance, je le répète, de bien s’informer pour éviter ce genre de déconvenues ! Peut être que certains d’entre vous ont leur avis sur la question ?
C’est ici que je vous quitte !
Coucou,
rien qu’à voir les photos ça me donne autant envie d’y aller que de prendre un bain dans l’Escaut….
Des maisons à l’abandons, ok c’est normal, mais à la place du maire j’aurais honte…..
Et cette lois à la « super « con » qui empêche de détruire ou de raser ces détritus urbains me laisse sans vois, pour moi c’est encore un bel exemple de le « connerie » génétique d’une certaine catégorie du genre humain….