En glandant sur Internet dans les transports en commun ( l’activité qui me prend le plus de temps dans ma journée, hormis mon travail), je suis tombée sur un truc à ne pas louper : l’exposition « Beautiful Decay ». Evidemment, comme je suis une quiche en art contemporain, j’ignorais totalement l’existence de son créateur, Eric Lacan ( shame on me). Pourtant, cet événement a été crée pour moi, car on y trouve :
-des têtes de mort (aucune originalité en fait, y’a trop de gens qui les aiment, comme Hélène Ségara ),
-du noir,
-du collage,
-des références aux univers gothiques et victoriens,
-une influence directe du 19ème siècle.
Le pompon sur la Garonne, c’est que si vous êtes fans de cabinets de curiosités, vous allez faire pipi dans votre culotte, lors de votre visite à la galerie Openspace. Bougez vous la rondelle jusque dans le quartier d’Oberkampf, à Paris, et vous ne serez pas déçus (normalement).
Si je suis aussi enthousiaste, c’est parce que cela faisait des années, que j’attendais de trouver celui ou celle, qui me réconcilierait avec les artistes actuels. A chaque fois que je tombais sur un truc moderne, je n’arrivais pas à accrocher. En même temps, ma vision de ce qui se faisait de nos jours, s’incarnait dans des œuvres du style de Cy Twombly. Mais bon, chacun ses goûts.
Revenons aux choses sérieuses et à notre exposition. Quand vous franchissez le seuil de la galerie Openspace, vous êtes accueillis par deux ou trois têtes de mort, histoire de vous mettre dans l’ambiance.
Puis, vous allez passer par quelques escaliers et quelques virages : c’est moins ennuyeux que certaines galeries classiques, qui ressemblent à des autoroutes de l’art. Votre trajet sera bien sûr agrémenté de tableaux, où la couleur dominante est le noir, of course. Je vous épargne les explications concernant les méthodes utilisées par l’artiste. En fait, je ne m’y connais pas assez, j’ai peur de raconter n’importe quoi. Ou pire encore, de ressembler à un dépliant super chiant, que vous prenez en caisse dans les musées. Sachez juste, qu’il utilise beaucoup la peinture acrylique et que le résultat est superbe. Voici un petit échantillon :
Finalement, j’ai changé d’avis, et je vais vous faire un bref historique un peu relou. Eric Lacan est né en France, en 1976 ( donc, il n’est ni jeune, ni vieux). Il commence le graffiti en 1990 à Béziers ( comme quoi, on peut démarrer dans un bled paumé et s’en sortir). Il découvre alors le plaisir de taguer seul. Normal. Puis, il se tourne petit à petit vers le collage, très en vogue au début des années 2000. Son nom de scène sera « Monsieur Qui ». Plus de précisions sur : https://www.facebook.com/Eric.Lacan/ .
Les visages féminins sont sa marque de fabrique : ils peuvent être à la fois élégants et décharnés. En fait, il trouve risible les diktats imposés dans notre société. Je le cite : « Mon travail a souvent été interprété à tort comme un éloge de la beauté féminine. Mais en fait, j’ai toujours trouvé ridicule les clichés utilisés par la publicité ». Un mec bien en somme. Il utilise beaucoup le noir et blanc pour se différencier des publicités colorées qui font la loi et saturent l’espace urbain. Pour lui, cela a un côté « intemporel, qui magnifie l’humain ». Voilà qui est dit.
Il gravira une nouvelle étape, quand il commencera à exposer en galerie, il y a environ 5 ans. Pour l’anecdote, sachez que son travail est d’une précision extrême et peut nécessiter jusqu’à 300 heures de travail! Par contre, le résultat en vaut la peine.
Après cette rapide biographie, revenons à « Beautiful Decay », car le meilleur est à venir lorsque vous descendez les escaliers de la galerie. Non, vous ne vous retrouvez pas dans une cave sombre et humide, remplie de vices, mais dans un cabinet de curiosités. J’ai entendu la guide dire à ce sujet ( en me collant à des gens, pour qui elle faisait la visite), que cela était un moyen de rendre palpable, ce qui se passait dans la tête de l’artiste. OK. Des photos seront plus parlantes que des mots. Profitez, c’est cadeau.
En ce qui me concerne, j’ai passé un temps infini à regarder le moindre détail. Il n’y avait quasiment personne, donc c’était parfait. Moins il y de gens, mieux c’est.
Sachez que l’exposition ne s’arrête pas là, et que ça vaut quand même le coup de sortir de cette pièce artificielle pour finir la visite. Pourquoi? Parce que vous tombez face à face avec ça :
Il faut avouer que ça a de la gueule. Dans cette dernière partie, les œuvres sont surtout des collages. Il faut vraiment s’approcher pour voir tous les éléments, car M Lacan a fait preuve d’une minutie impressionnante. En bonus, vous aurez une petite vidéo, diffusée sur un Mac ( Packard bell, ça fait trop low cost), qui vous expliquera les techniques qu’il emploie lorsqu’il travaille.
Pour finir, je peux dire que j’ai adoré cette visite et je vous conseille vivement d’y aller. Prenez le temps d’observer chaque fragment, pour en faire votre propre interprétation. En effet, tout se lit à plusieurs niveaux et plus vous regarderez attentivement, plus vous verrez de détails, qui enrichiront l’histoire que vous allez inventer.
Dans le pire des cas, si vous n’aimez pas, c’est gratos. Personnellement, j’apprécie encore plus un truc quand je ne le paye pas. Blague à part, je pense que les initiatives qui rendent l’art accessible à toutes les bourses, doivent être saluées ( en y allant par exemple). Evidemment, vous pouvez aussi acheter une pièce, mais ça coûte un rein. Magnez vous, l’exposition se termine le 7 Octobre 2017. Le compte à rebours est lancé. C’est ici que je vous quitte les gars.
INFORMATIONS PRATIQUES :
- Dates : Du 9 septembre au 7 octobre 2017.
- Horaires d’ouverture : du mardi au vendredi, de 11h à 19h et le samedi, de 13h30 à 19h.
- Prix : entrée libre.
- Adresse : Galerie Openspace, 116 boulevard Richard Lenoir 75011 Paris.
- S’y rendre : métro, arrêt Oberkampf.
- Internet : www.openspace-paris.fr